Restaurer les bétons : matière et structure
En novembre 2017 à Grenoble, ICOMOSFrance organisait le colloque international “Restaurer les bétons : la masse et l’épiderme” dans le cadre de la manifestation « 200 ans de bétons », suivi de la publication des actes Béton(s), N°29 des Cahiers d’ICOMOS France. L’intérêt qu’a suscité ce colloque a incité ICOMOS France à proposer de nouvelles éditions en Europe et au-delà.
Pour cette deuxième édition, ICOMOS France et le CLusterLAB HeModern de l’université IUAV de Venise ont décidé de collaborer et d’offrir une occasion de confronter les recherches et expériences françaises et italiennes. Outre l’enrichissement scientifique opérationnel et les réflexions sur les enjeux de la protection du patrimoine architectural en béton, les premiers jalons d’un réseau spécialisé international capable de développer des études et des projets pour la préservation de l’architecture en béton armé sous toutes ses facettes continuent d’être posés.
L’édition vénitienne a donné lieu à un débat sur les expériences italiennes et françaises où confrontation théorique et scientifique et études de cas ont permis un nouvel approfondissement des expériences opérationnelles actuelles sur le thème de la structure. Cette question est particulièrement sensible et urgente dans le contexte de la conservation des édifices en béton.
La visite du chantier de restauration de la Tomba Brion de l’architecte italien Carlo Scarpa fut le point d’orgue du programme. Monument funéraire ou “complexe funéraire”, installée dans le cimetière de San Vito à Altivole dans la province de Trévise, la Tomba Brion fût commandée, en 1969, par la veuve de Guiseppe Brion, grand industriel italien.
Cette réalisation est considérée comme l’un des chefs d’œuvre les plus aboutis de l’architecte Carlo Scarpa qui put y exprimer avec la plus grande liberté ses idéaux architecturaux. Le béton brut rehaussé d’éléments en bronze doré, albâtre, ébène, verre, verre teinté de Murano notamment, y est d’une subtilité rare. Le jeu entre le bâti, l’eau, la nature et le paysage font de cet ensemble une véritable leçon d’architecture. Sur place, Guido Pietropoli, ancien collaborateur de Carlo Scarpa avait été convié pour apporter in situ son témoignage sur le contexte de la construction et les conceptions de Scarpa. Un moment privilégié et très éclairant. La présence des maitres d’œuvre du chantier, Paolo Faccio et Paola Scaramuzza ainsi que les entreprises Leonardo et Seres, maiîres d’ouvrage a permis aux experts participants au colloque de pénétrer au cœur de cette restauration tant sur le plan technique que des principes et partis pris de restauration. Ces deux journées se sont terminées par une réception, visite et échange finaux dans la somptueuse Villa Barbaro, œuvre de l’architecte Andrea Palladio entre 1550 et 1560! Que nos hôtes italiens soient ici chaleureusement remerciés pour les moments rares et riches qu’ils ont rendus possibles.